« Il n’y a pas d’âge pour commencer le sport »


​Pratiquer une activité physique est vital pour rester en bonne santé. Que l’on soit jeune, âgé, ou même opéré du cœur. Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, ambassadeur de l’association bretonne Cardiac des Monts, lance un message fort afin d’inciter le plus grand nombre à bouger.

Le sport, c’est essentiel pour la santé. Même lorsque l’on a été opéré du cœur. C’est le message porté par l’association Cardiac des Monts – Agir pour le cœur. Une association fondée par Laurent Dubost, ancien pilote automobile, greffé des valves cardiaques en 2017, qui réunit médecins, cardiologues, sportifs et dirigeants d’entreprises apportant un regard et des solutions pouvant améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’une pathologie cardiaque.

Parmi les ambassadeurs de Cardiac des Monts, la légende du cyclisme Bernard Hinault (cinq Tours de France, trois Giro, deux Vuelta). Invité à l’une des conférences de l’association, à Valognes (Manche), lundi 26 juillet 2021, le natif d’Yffiniac (Côtes-d’Armor), aujourd’hui âgé de 66 ans, s’est livré comme rarement sur ce que le sport, notamment le cyclisme, lui ont apporté pour sa santé.

« À la retraite, il fallait que je m’entretienne »

« J’ai commencé le vélo vers 7 ou 8 ans. J’allais à l’école à pied ou à vélo, je n’avais pas le choix. Tous les jours, je revenais manger le midi à la maison, donc ça faisait dix bornes à pied par jour à 5 ou 6 ans. Quand je me suis mis au vélo, c’est devenu beaucoup mieux !

Une fois ma carrière terminée, je n’ai plus touché à un vélo pendant vingt ans. Je l’avais dit : j’avais alors plein d’activités et je ne voulais remonter en selle qu’une fois à la retraite. Une fois que j’ai tout arrêté, il fallait que je m’entretienne car j’avais une ferme. Je me suis remis au vélo, j’avais besoin de réactiver la machine, d’exercer une activité physique. J’ai toujours préféré le vélo à la course à pied, que j’ai pratiqué pendant quatre années en compétition, quand j’étais jeune, car tu peux voyager et aller beaucoup plus loin qu’en courant.

« Tu n’es plus rien, tu repars de zéro »

J’avais 60 ans quand j’ai repris le vélo. Au début, j’en ai un peu ch…, oui ! Quand tu recommences à rouler et que tu n’as plus rien alors que tu montes une côte que tu grimpais à toute vitesse avant, tu dois te mettre dans la tête que tu repars de zéro. Ton mental, ta hargne que tu as en compétition, en revanche, tu ne la perds pas : tu la retrouves dans la vie de tous les jours et, de toute façon, tu nais avec ça. Tu es né pour gagner, ou pour perdre.

Quatre mois sont nécessaires pour retrouver le rythme sur un vélo. Puis, les sensations reviennent. Pour une personne opérée du cœur, c’est pareil : elle repart de zéro car elle a perdu en masse musculaire, elle doit rééduquer son cœur et le faire gentiment. Ça ne sert à rien de brusquer les choses. Et il faut respecter son corps : quand il te dit « Je n’en peux plus », tu fais une pause. Tu t’arrêtes au bord de la route si c’est nécessaire. La base c’est de respecter son corps.

« Assis sur ta selle, tu ne forces pas comme un mulet »

Aujourd’hui, avec la crise sanitaire du Covid-19, il y a une prise de conscience quant à la nécessité de pratiquer une activité physique régulière. Ça se voit sur la vente des vélos : l’un de mes fils est marchand de vélo. Le marché est complètement saturé en France et dans d’autres pays ! On en trouve peu, surtout ceux à assistance électrique, qui représentent 60 % du marché.

C’est normal. L’on peut faire de la marche aussi, mais on peut avoir des problèmes d’articulation. Le cyclisme, c’est un sport porté : tu es assis sur ta selle, tu n’es pas obligé de forcer comme un mulet. Je connais beaucoup d’anciens rugbymen ou footballeurs qui viennent au vélo, ou à la natation, car ce sont devenus les seuls sports qu’ils peuvent encore pratiquer.

« Ne vous arrêtez pas de bouger ! »

Une chose à ne pas oublier non plus, pour les actifs : quand tu fais du sport, tu travailles. Tu es seul, personne ne peut te déranger. Je connais de nombreux grands patrons d’entreprises qui, lorsqu’ils ont trop de soucis, font deux heures de vélo et, à leur retour, ont remis de l’ordre dans leurs idées et ont réglé leurs problèmes.

C’est pourquoi il faut dire aujourd’hui aux personnes opérées du cœur, ainsi qu’aux jeunes qui risquent d’avoir de gros problèmes cardiaques dans le futur : « Ne vous arrêtez pas de bouger ! ». Il n’y a pas d’âge pour commencer le sport, d’ailleurs.

Le problème est, qu’en France, il n’a jamais été dans notre culture de créer des pistes cyclables dans nos villes. Et l’on doit faire avec ce qu’on a, on ne va pas casser les murs et démonter des maisons pour créer des pistes. En Hollande, il existe plus de 40 000 kilomètres de pistes cyclables, et aucune voiture ne roule dessus. Il faut, désormais, en France, que chaque création d’une nouvelle route soit accompagnée automatiquement d’une piste cyclable protégée. »

Source : Ouest France – https://www.ouest-france.fr