Comment l’activité physique peut contribuer à améliorer la santé mentale dans les entreprises ?
Depuis le début de la pandémie, la santé mentale est sur toutes les lèvres. C’est normal, avec l’isolement, le stress engendré par le confinement et le travail qui se modifie, la santé mentale est devenue l’enjeu numéro un pour les ressources humaines des entreprises.
Quelle place devrait prendre l’activité physique dans l’éventail des mesures à mettre en place ?
Tout d’abord, définissons ce qu’est justement une santé mentale optimale :
Selon l’OMS, la santé mentale englobe la promotion du bien-être, la prévention des troubles mentaux, le traitement et la réadaptation des personnes atteintes de ces troubles.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’absence de troubles mentaux (Alzheimer, dépression, anxiété) n’est pas le seul indicateur d’une bonne santé mentale. En effet, pour obtenir une santé mentale optimale, il est important de tenter de limiter les troubles mentaux ET de faire la promotion d’une bonne santé mentale.
Quel est l’impact de l’activité physique sur les troubles mentaux ?
1. Traitement pour la dépression et l’anxiété
L’activité physique peut faire partie des traitement de la dépression, généralement utilisée en combinaison avec la médication et/ou psychothérapie. Un des avantages de l’activité physique dans le traitement de la dépression est qu’il n’a aucun effet secondaire et que c’est moins tabou que de prendre des antidépresseurs ou de consulter en psychothérapie.
De plus, l’activité physique serait efficace pour diminuer les symptômes d’anxiété.
2. À titre préventif pour l’anxiété et la dépression
L’activité physique serait aussi une intervention efficace pour prévenir le risque de dépression et d’anxiété. En général, plus les personnes dans une population sont actives, plus le risque de souffrir de dépression est bas.
Impact de l’activité physique sur la bonne santé mentale :
1. Sur le niveau de stress
Vous avez probablement vécu ce type de situation : des événements externes font que votre équilibre est menacé donc votre corps se prépare à répondre à la menace entraînant une foule de différents symptômes, comme de l’insomnie, de la sueur ou un manque d’appétit.
Généralement, ces symptômes ne sont pas problématiques s’ils sont uniquement ressentis à court terme.
Le stress est inévitable et l’être humain se doit d’avoir un niveau de stress minimal afin de survivre. En effet, on peut tous penser à un moment où notre réaction rapide nous a potentiellement sauvé la vie ou encore nous a permis d’éviter une situation critique. Éviter une voiture qui fait un faux mouvement est un exemple parmi tant d’autre.
Ce stress peut être vécu de façon positive ou négative en fonction de l’individu. Les personnes qui font de l’activité physique sur une base régulière seraient mieux en mesure de tolérer le stress, ce qui pourrait d’ailleurs les protéger de différents troubles mentaux plus graves.
2. Impact sur l’humeur
Si vous avez déjà participé à un entraînement extérieur, vous vous doutez bien que l’activité physique a aussi un impact sur l’humeur.
En général, les activités aérobiques d’une durée de 30 à 35 minutes, répétées 3 à 5 fois par semaine, sont celles qui améliorent le plus l’humeur.
En plus, une étude a démontré que l’effet de l’activité physique sur l’humeur est encore plus grand lorsqu’au départ, la personne était de mauvaise humeur!
3. Impact sur l’estime de soi
Être actif améliore l’estime de soi par des mécanismes directs et indirects. Par impact direct, on considère que l’activité physique amène les gens à ressentir de la fierté et du contrôle sur leur emploi du temps, ce qui améliore directement leur estime de soi.
Notons aussi que les participants qui font de l’activité physique régulière améliorent leur perception de leur condition physique et de leur image corporelle. Par contre, la perte de poids ne semble pas nécessaire pour atteindre une amélioration de l’estime de soi.
4. Impact sur les relations sociales
Tous sont égaux face à l’activité physique. Il s’agit donc d’un excellent moyen de stimuler des interactions sociales entre des employés de différents départements et/ou de différents niveaux hiérarchiques.
Cette hausse des contacts a un effet sur la santé mentale des participants, mais peut aussi permettre des gains en termes de communication interne.
Quel type d’activité physique pratiquer ?
1. Avec qui pratiquer l’activité physique ?
Par rapport à l’activité physique pratiquée seule, l’activité physique pratiquée dans un groupe informel comme un groupe de marche est associé avec une meilleure santé mentale et une diminution des symptômes de dépression. L’impact est encore plus grand pour les activités physiques pratiquées en groupe, mais de façon structurée, comme dans une équipe de hockey ou un entraînement de groupe supervisé.
2. Type d’activité pratiquée
L’impact des activités physiques de loisirs sur la gestion du stress et sur la diminution du risque de dépression est assez bien documenté.
Par contre, l’impact de l’activité physique effectuée dans le cadre des activités de la vie quotidienne (faire la vaisselle et ranger les jouets par exemple) n’est pas aussi clair. Selon les populations et les tâches, ce type d’activité physique pourrait avoir un impact positif ou négatif selon le type de travail des sujets. Par exemple, jardiner pourrait avoir un impact positif tandis que passer la balayeuse aurait un impact nul ou négatif.
L’impact des déplacements actifs (marcher, courir et/ou pédaler pour se rendre au travail) semble aussi bénéfique pour la santé mentale, mais l’est moins que l’activité physique de loisirs.
3. Pour quelles raisons ?
L’activité physique effectuée pour des motivations intrinsèques, comme le plaisir de bouger ou la satisfaction de soi, est liée à une meilleure santé mentale.
À l’inverse, l’activité physique effectuée pour des raisons extrinsèques, comme le gain ou la perte de poids, n’apporte pas de bénéfices au niveau de la santé mentale. En fait, ce type de motivation est corrélé avec une faible estime de soi et de l’anxiété.
4. Quelle quantité d’activité physique faut-il faire ?
Quand on considère seulement l’activité physique de moyenne ou de haute intensité, les bénéfices augmentent au fur et à mesure qu’on augmente la dose d’activité physique, jusqu’à 50 minutes par jour, soit 3,5 heures par semaine. Au-delà de ce niveau d’activité physique, il n’y aurait pas beaucoup de bénéfices supplémentaires.
Concernant l’activité physique de faible intensité, comme le jardinage et la marche, les bénéfices augmenteraient avec la quantité d’activité physique, jusqu’à l’atteinte d’un plateau entre 5 000 et 16 000 pas par jour.
Attention toutefois, car le temps passé à être sédentaire (assis) diminue l’efficacité de l’activité physique comme facteur de protection pour la santé mentale.
5. Pourquoi ça fonctionne ?
Effet physiologique (effet sur les neurotransmetteurs) :
– Sécrétions d’endorphines qui ont un effet antidépresseur;
– Sécrétion de sérotonine qui a un effet antidépresseur et qui améliore l’humeur.
L’activité physique entraîne une augmentation de la température corporelle et améliore la circulation du sang au cerveau, ce qui fait diminuer la force des réactions au stress.
Effet psychologique :
L’activité physique permet de se construire soi-même. En s’améliorant et en apprenant lors la pratique d’une activité, les participants renforcent leur estime de soi et le contrôle de soi. En plus, bouger permet de briser le cycle des pensées négatives qui génèrent souvent du stress et de l’anxiété.
Effet social :
Un réseau social bien développé permet de mieux gérer le stress et est un facteur de protection pour la santé mentale. Ce réseau permet d’augmenter le niveau de résilience et diminue le risque de suicide.
C’est d’ailleurs une des explications qui démontre l’impact supérieur de l’activité physique pratiquée en groupe structuré sur l’activité physique pratiquée seule.
Une question subsiste toutefois : quel est l’impact d’un entraînement de groupe, structuré par un entraîneur, mais tenu de façon virtuelle ? On peut se douter que l’impact sera déjà meilleur qu’un entraînement réalisé totalement seul, mais est-ce que son impact sera aussi bon qu’un entraînement ‘’présentiel’’ ?
Pour terminer, voici quelques recommandations pour utiliser l’activité à titre préventif sur la santé mentale :
– Encourager la pratique de l’activité physique dans un contexte social;
– Au retour de la pandémie, intégrer l’activité physique dans la programmation ‘’présentielle’’ de l’entreprise;
– Faciliter le transport actif pour qu’il génère moins de stress (piste cyclables, casiers à vélo, douches, etc.);
– Création de groupes informels pour la mise en action, comme des groupes de marche, participation à des ligues sportives ou des événements sportifs corporatifs, etc.;
– Développer des infrastructures sportives qui permettent d’accueillir des cours de groupe;
– Offrir de la flexibilité dans les activités sportives supportées par l’entreprise.
Source : Groupe défis – https://defis.ca